Artificier.                                   23
Gindre, paroiue Saint-Sulpice, chez la veuve Michel, tailleur,' derrière le noviciat des jéfuites, etc. Dépofe que jeudi dans la matinée il vit chez la nommée Saint-Omer, vendeufe de bière à ladite foire, un particulier habillé de rouge qui buvoit avec Ie nommé Aubert, maitre de danfe, et qui chan-toit; que dans l'après-midi il aperçut dans Ia méme foire le même particu­lier habillé de rouge qui avoit une entaille à la tête d'où il fortoit beaucoup de fang et avoit une autre blcffure légère à lamain; que le particulier paroif-foit avoir bu ; qu'il lui fut dit par un danfeur du jeu du Hollandois, nommé Dehardins, quc ledit habillé de rouge avoit été dîner à la buvette avec le nommé Brifcmontier et que là ayant pris difpute enfemble au fujet d'une fille que ledit Brifemontier traitoit dc g.... dont ledit Dufauffoi prenoit la défenfe, ils fortirent fur-le-champ et fe battirent près Saint-Lazare.
Marguerite Blandin dite Rofalie, âgée de 25 ans, fille, maîtreffe couturière ct actrice du jeu du Hollandois à la foire Saint-Laurent, demeurante grande rue du faubourg Saint-Lazare chez la nommée Dufoy, logeufe, au-deffus du corps de garde, etc. Dépofe que jeudi dernier dans la matinée étant entrée chez la nommée Saint-Omcr, vendeufe dc bière à la foire, elle y trouva le fleur Aubert, maitre des ballets du jeu Hollandois, avec un particulier habillé dc rouge, nommé Dufauffoi, qu'elle avoit vu plufieurs fois avec ledit Aubert ; qu'environ une heure après ledit Aubert dit à elle dépofante : « Nous allons diner à la buvette, Rofalie, venez avec nous. » Qu'elle fut à la buvette avec ledit Aubert et ledit Dufauffoi ; qu'étant entrés dans un petit cabinet, elle vit qu'il y avoit quatre couverts ; qu'elle dit : « Nous ne fommes quc trois et voilà quatre couverts » ; que ledit Aubert et ledit Dufauffoi dirent : « Made-moifelle Morange va venir. » Qu'effectivement elle vit arriver ladite Morange, qui eft auffi actrice du jeu du Hollandois; qu'ils dînèrent; qu'à la fin du repas ladite Morange badina beaucoup avec le couteau dudit Dufauffoi ct une gaine qui étoit fur la table ; qu'elle dépofante, voyant que ladite Morange vouloit mettre le couteau dans fa poche, dit à ladite Morange : « Mademoi-felle, n'en faites rien; je ne veux pas qu'il foit dit qu'on prenne rien à une table où je fuis. » Ce qui éleva de la difpute entre elles; que le fleur Aubert dit à ladite Morange de s'en aller; ce qu'elle a fait et s'en alla, à ce qui a été depuis rapporté à elle dépofante par le nommé Ncufmaifon, danfeur du jeu Hollandois, dans Ie préau des danfeurs de corde où elle trouva le nommé Brifemontier à qui, en pleurant, elle avoit raconté ce qui venoit de lui arriver à la buvette ; qu'il lui a auffi été dit par ledit Ncufmaifon que ledit Brifemontier, qui n'avoit pas d'épée, avoit demandé l'épée audit Ncufmaifon qui la lui auroit prêtée ; quc ledit Dufauffoi étoit forti de Ia buvette cn même tems que ladite Morange ct elle dépofante cft reftée avec ledit Aubert à Ia buvette. A appris cc quc deffus par ledit Ncufmaifon qui lui a dit auffi quc ledit Brifemontier ayant rencontré ledit Dufauffoi dans la foire, ils s'étoient pris de querelle et avoient été fur-lc-champ fe battre. Et lui ajouta ledit Neufmaifon que fi ledit Brifemontier ne s'étoit point battu avec ledit Dufauffoi, lui Neufmaifon auroit été fe battre avec ledit Dufauffoi. Qu'elle dépofante,